Michel Bulteau

Né en 1949, publie à vingt-deux ans Le Manifeste électrique. Encouragé par Henri Michaux, il poursuit sa quête de poète insoumis. En 1976, il part pour New York où il se lie avec les écrivains beat, les peintres pop et les musiciens punk. Bulteau reste, selon l'expression de William S. Burroughs, un "explorateur des régions psychiques encore vierges". Michel Bulteau est l'auteur d'une quarantaine de livres, recueils de poésie, journaux, essais… En 2000, Gallimard/L'Arbalète a publié deux recueils L'Effrayeur et Sérénité moyenne. Les éditions de la Différence ont pour leur part publié depuis 1989 sept livres de Michel Bulteau, dont trois de "souvenirs américains" : Flowers (1989), À New York au milieu des spectres (2000) et La Reine du pop (2001). Pour Michel Bulteau, la question est d'abord d'"aérer le présent". La poésie est une respiration dans le réel où elle n'est rien. Avant d'être problème technique ou travail sur les mots, elle est traversée physique du présent. Ici les nerfs comptent. […] Il a vingt et un ans quand 7, Retomba des nuits (1970), son premier recueil, est publié. La poésie est noire, tragique et désespérée. La violence et la liberté de la Beat Generation mais aussi de la Génération noire du surréalisme (celle qui s'invente au-delà du trou béant de la guerre) font signe ; il y a aussi ce passeur insituable qu'est Claude Pélieu et l'attention de Michaux, avancé solitaire dans le réel. Mais la haute solitude de cette respiration se fait aussi contre ce qui continue partout son travail d'étouffement, en 1970 comme aujourd'hui. […] En 1971, Michel Bulteau publie, avec Matthieu Messagier, Jean-Jacques Faussot, Jacques Ferry, Patrick Geoffrois, Zeno Bianu et quelques autres, le Manifeste Électrique Aux Paupières De Jupes, dernier manifeste collectif qui soit venu, avant le Manifeste froid, déranger la tranquillité du milieu littéraire. Ensuite, Poème A (Effraction-Laque, 1972), Les Cristaux de folie suivi de Watcris88mots (1973) et Sang de satin (1973), Ester-Mouth, Slit, Hypodermique et L'Angle lit (1974), Coquillage rétroviseur (1975) : une traversée de l'hypersensibilité de tout, du monde et des choses se transperçant, se croisant dans une intimité froide. Sa poésie est celle d'un enfant qui aurait refusé de céder sur les sensations. Classique depuis ce même centre insondable que Baudelaire, Nerval et Rimbaud, mais aussi d'autres plus obscurs comme Forneret, il n'en oublie pas pour autant Kaufman, Burroughs, Ginsberg, et pas plus Jean-Pierre Duprey ou Stanislas Rodanski (1927-1981), auteur de poèmes et de rêves. « Être moderne, écrit Bulteau, est le chemin artistique le plus périlleux. Être moderne, c'est refuser d'être inexact, irréel ". (Aérer le présent, 1999). »

Dictionnaire de la Poésie française contemporaine, PUF

 

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