PORTRAIT

Claude Pélieu (1934-2003)








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Claude Pélieu est né à la fin de 1934 à Beauchamp. Il publie à 17 ans son premier recueil de poèmes, Rendez-vous avec le sol. inspiré par le Surréalisme, en 1952 à Paris. Sa rencontre avec Jacques Prévert en 1950-51, à Saint-Paul-de-Vence, est décisive. Après avoir été démobilisé de la guerre d'Algérie, Claude Pélieu part en 1963 aux Etats-Unis avec Mary Beach, sa femme actuelle, où ils côtoient de nombreux acteurs de la Beat Generation. Ils éditent tous deux de nombreuses revues underground sur San Francisco. En 1967, le Cahier de l'Herne n° 9 fait découvrir à la France la prose cut-up de William Burroughs, la poésie de Bob Kaufman et la poésie et les collages de Claude Pélieu. Pendant dix ans, Claude & Mary Beach-Pélieu traduisent Burroughs, Kaufman, Allen Ginsberg, Timothy Leary , Ed Sanders... A la fin des années 60, ils s'installent à New York (au Chelsea Hotel) où on les aperçoit à la Factory d'Andy Wahrol. Puis tous deux migrent à Londres dans les années 70, après un séjour éclair à Paris en mai 1968. La fin des années 70 les voit revenir à New York, puis dans le nord de l'Etat de New York où ils vivent encore actuellement, après un court retour en France (à Caen) en 1994-1995. De 1969 à 1979, Claude Pélieu publie une bonne vingtaine de livres, aux USA et en France aux éditions Christian Bourgois, aux éditions du Soleil Noir, aux titres évocateurs: Infra Noir , Kali Yug Express, Pommes bleues électriques, Tatouages mentholés... Son écriture se fera plus rare dans les années 80, où il décide de se consacrer presque uniquement au collage, qu'il pratique depuis les années 50. Aujourd'hui, Claude Pélieu continue à écrire, à découper, à coller avec la même jeunesse et le même débit hallucinant. L'écriture de Claude Pélieu se situe au carrefour du surréalisme et des techniques littéraires de Burroughs. Refusant l'écriture automatique et son impasse, il se penche sur plusieurs types d'écriture : - le "Script vite", forme de texte entre le journal de bord, l'essai, le pamphlet et la poésie pure, écriture rapide produite à la limite de la lucidité mais qui ne tombe jamais totalement dans le registre de l'écriture automatique ; - le "Cut-up" et ses dérivés, techniques d'écriture développés par William Burroughs puis reprises par un certain nombre d'écrivains qui formèrent la "conspiration cut-up". Ces techniques permettent d'intégrer dans le texte les techniques du collage et du montage dans l'écriture et vont plus loin que celles employés par les surréalistes. Claude Pélieu n'a utilisé ces techniques que dans ses premiers textes édités en France, dans le Cahier de l'Herne ou Ce que dit la Bouche d'Ombre ; - plus récemment sont apparues dans l'écriture de Claude Pélieu des formes courtes et plus reposées, inspirées de la poésie japonaise, comme le haïku... A cette écriture fulgurante et fragmentée répondent les collages de Claude Pélieu, d'un regard critique et d'un humour corrosif. Ils sont à situer dans la lignée des "Merz" de Schwitters, par le recyclage incessant que fait Claude Pélieu de matériaux de rebut, et également dans la lignée des collages de Prévert ou de Max Ernst, par leur inventivité redoutable. Claude Pélieu pratique aussi assidûment le Mail-Art, par le biais de collages "xerox", sortes d'instantanés sur le monde et ses dérives. Très proche des acteurs de la Beat Generation, Claude Pélieu excède pourtant toute limite: il est à rapprocher aussi bien de la Beat Generation que de Dada et de Fluxus. Il est sans doute le prototype rêvé de l'artiste total, de par la multiplicité de ses talents. Il est également un immense découvreur, grâce à qui la France a pu connaître Burroughs, Ginsberg. Avec François Di Dio, le génial éditeur du Soleil Noir, il fut l'un des rares à défendre Michel Bulteau, Matthieu Messagier et les "poètes électriques"..

 

Ce que dit la Bouche d'ombre dans le bronze-étoile d'une tête, suivi de Dernière Minute électrifiée, Le Soleil Noir, 1969 - deuxième couverture : édition originale deux mille exemplaires, illustrée par Berrocal - Le Soleil Noir, 1969

à Carle Solomon

J'AI TOUT

Les

iles ont déboutonné les démons

sous

les affiches de cinéma l'excavation morale

J'ai tout oublié en rêvant tout haut

j'ai tout oublié entre les mailles

des demi-mots j'ai tout oublié entre ciel et terre

(oui - je vous étoufferai)

(oui - je vous étoufferai dans la rouille du quotidien)

Contre nos propres privilèges

contre dieu et son déluge de mort

contre la bourgeoisie et ses virus

contre les techniques des ectoplasmes

contre l'esprit de catastrophe

contre tous Carl

- envers et contre tous -

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